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alessandra sadnrolini – rainer ganahl

 

here is the edited interivew in french: as pdf -- since my program is not accepting strange signs like accents or hypons etc..

below is the unedited - uncorrected (unfortunately not even re-read interview) in english:

2010

 

Alessandra Sandrolini: Rainer, c'était drôle de te rencontrer à nouveau en Corée du Sud il y a seulement quelques jours! La première fois tu étais à Gwangju pour une exposition qui célébrait le trentième anniversaire de la démocratie coréenne et tu organisait un séminaire sur les théories de Chantal Mouffe, maintenant tu montres à City media Seul, biennale d'art media, une vidéo ou une jeune fille allemande crie en chinois des insultes adressés à un buste en pierre de Karl Marx. C'est l'année 2045 et Berlin est apparemment devenue complètement chinoise: plus de BMW ni de Volswagen, fini le Wurstels et la bière allemande, que des spring rolls partout. J'aimerai alors parler avec toi de l'Asie, puisque tu la connais un peu, que tu parles plusieurs de ses langues, et que le futur semble nous attendre tous en extrême Orient... ça te dit?
Rainer Ganahl: En effet je ne connais pas très bien l’Asie ou alors disons que je la connais seulement par le biais des articles du New York Times et d’autres media et quelques voyages que j’ai fait là-bas auparavant. En 1991 pendant que j’écoutais le cours de Edward Said et Gayatri Spivak à la Columbia University consacré principalement au sujet de l’orientalisme et de l’eurocentrisme, j’ai décidé d’étudier une langue orientale, notamment le japonais, comme une partie de ma pratique artistique. Cela m’a amené plusieurs fois au Japon, une fois pendant 6 mois pour des études et l’autre pour une exposition à Tokyo en 1993 au Person’s Weekend Museum. J’ai commencé à étudier le coréen deux ans plus tard, pour une exposition dans la province de Hiroshima, dans une zone où encore aujourd’hui il y a des discriminations contre les Japonais d’origine coréenne (en aout dernier sur le New York Times est paru un grand article sur un groupe néo-fasciste qui a menacé une école des japonais d’origine coréenne). Puis, en 1997 Harals Szeemann m’invita à la Biennale de Gwangju où j’ai pu utiliser mes trois ans d’études de coréen aux Etats-Unis dans une pièce sur l’apprentissage de cette langue titrée « 4 Weeks, 5 Days a Week, 6 Hours a Day – Basic Korean ». Deux ans après j’ai commencé avec l’étude du chinois (Basic Chinese), une passion à laquelle je me dévoue régulièrement et avec l’aide de téléchargements gratuits depuis internet ou petits i-pods. Mais ensuite je ne suis plus retourné en Asie pendant 10 ans, à part la Biennale de Shanghai et deux voyages lors d’expositions en Corée. J’étais surpris la dernière fois par les jeunes coréens que je n’avais pas vu pendant 13 ans. En 1997 ils étaient plutôt maigres et j’avais rarement rencontré des gents qui ressemblaient à des américains ou à des américains d’origine coréenne. Maintenant la diète américaine montre ses effets et être maigres est plus ou moins une exception…
En effet, quand on parle de l’Asie il faudrait parler de la perception de l’Asie en occident. La chose la plus remarquable est que les media occidentaux sont beaucoup plus fiables que l’imagination populaire. Je rencontre encore beaucoup des préjugés négatifs et d’idées déformées sur la Chine, le Japon et la Corée. Les gents imaginent des populations sous-développées, sans imagination ni aucune sophistication qui, si productifs, savent seulement copier ce que l’occident produit. Tout ce que nous semblons comprendre est que là-bas vivent beaucoup, beaucoup des gents qui sont opprimés par des régimes autoritaires. Je vois ces stéréotypes resurgir, d’où ma vidéo « I hate Karl Marx » où je – qui suis cette chinoise d’origine allemande – m’adresse à Marx comme à une réincarnation d’un cap-com (capitaliste-comuniste) chinois. Or, les media de leur coté voient les choses de façon plus précise, spécialement les sections des journaux consacrées à l’économie. Nous voyons les asiatiques – maintenant distinguées par pays – avec leurs économies qui vont trop bien pour notre gout euro-centrique ou usa-centrique. Quand nous lisons qu’ils achètent des compagnies entières et dominent des domaines industriels, nous nous sentons menacés en quelque sorte. Cette dernière vidéo pousse justement sur ce bouton et prétend que Berlin est maintenant devenue chinoise. Je l’ai filmé sur la Karl Marx Allee, autrefois apellée Stalin Allee, un lieu représentatif de la DDR avec beaucoup d’étrangers et de restaurants étrangers dans ce qui était à l’époque la zone soviétique. C’était donc un lieu où on parlait couramment russe de la même façon où maintenant on parle couramment anglais à Berlin à cause de l’immigration de gents non germanophones. Ca fait partie de l’ironie le fait que les choses que la vidéo prétende d’annoncer en 2045, 100 ans après le début de l’influence américaine en Europe et de sa présence en Allemagne, sont vraies déjà aujourd’hui : la plus part des vêtements des gents sont faits en Chine et on trouve difficilement des produits sans aucun composant « made in China ». La bouffe chinoise est omniprésente surtout dans les zones économiquement déprimées, et ce n’est pas au hasard que derrière la statue de Karl Marx nous voyons un restaurant chinois, étant donné que la partie orientale de Berlin souffre encore de presque 50 ans de communisme « style soviétique ». Avec la nourriture, les produits et tout le reste, les habitants de la DDR ont vécu les même problèmes que montre la vidéo. Comme je disais tout à l’heure, à part l’Angleterre, il m’arrive de parler anglais plus à Berlin que dans d’autres endroits en Europe.
Alessandra Sandrolini : Je suis d'accord avec toi sur la question des préjugés culturels dus à l'ignorance et à la vitesse de jugement. D’ailleurs tu as déjà cueilli l'hystérie collective envers ce qui, étant différent, fait énormément peur ; par exemple, il y a quelques années, lorsqu'un politicien belge scandalisé par l'élection de Haider avait invité les gens à « ne pas skier en Autriche », tu as commencé une série des dessins, la série "Don't" : "Don't ski in Austria", Don't eat French fries", "Don't eat Belgian chocolate", "Don't travel to Italy" etc. qui moquait ce genre de discriminations et de réactions émotionnelles. Par ton travail, tu a évoqué les conflits historiques entre différentes cultures, comme lorsque tu a décidé d'apprendre le coréen au Japon, en montrant comment on peut commencer à se familiariser avec l'Asie. Un peu comme tu fais dans une vidéo avec ton fils nouveau-né auquel tu lis les écrits de Mao Tse Tung pour le distraire un peu... Peut-être que la compréhension et la digestion de l'autre doit passer d'abord par la bouche, c'est à dire par la parole et aussi pourquoi pas par la nourriture... Bref, pour revenir à nous, peut-être que la Chine ne devrait pas nous terroriser autant. Quant à l'art, le phénomène économique que, il y a seulement quelques années, a gonflé les cotations des œuvres chinoises de façon démesurée, a contribué à diffuser une image fausse de l'art asiatique, comme s'il s’agissait des travaux plutôt médiocres, dépourvus d'idées originales et de contenu bénéficiant d’un temporaire déséquilibre du marché globale. Tu crois qu’un artiste comme Ai Weiwei plaît car son travail invite à dépasser ce lieu commun ? Alors que ses œuvres rejoignent des cotations incroyables, il est très concerné par les batailles politiques pour le respect des droits humains en Chine ; il s’est s'engagé par exemple pour aider les familles des victimes du tremblement de Sichuan de 2008… Quelle est donc à ton avis à propos de la responsabilité que portent les artistes et peuvent-ils espérer de changer les choses?

Rainer Ganahl: Evidemment je ne suis pas un politicien et même si j’aime voir de l’art qui parle du monde tel qu’il est, je n’aime pas un art qui soit une mère illustration de la politique ou un moyen idéologique utilisé pour obtenir n’importe quel but. Je n’aime pas voir non plus l’activisme et les blogs de Ai Weiwei comme de l’art me je les apprécie pour ce qu’ils sont: activisme politique dans un pays politiquement non sophistiqué et souvent même très répressif, qui n’a pas encore appris à se confronter à une sphère publique démocratique, c’est à dire où chacun peut participer et dire ce qu’il/elle veut : Mais j’aime beaucoup les photos de Ai Weiwei où il détruit des vieux vas chinois, geste qui pour moi parle d’art, de société et beaucoup d’autres choses. J’ai rencontré des artistes conceptuellement très intéressants qui viennent de la Chine continentale mais aussi des gents qui incarnent le pire des mondes possible. J’ai même commencé une série qui s’appelle “I wanna be Chinese”(www.ganahl.info/Iwannabechinese.html), qui adresse les questions de la production ringard quant à la taille, au traitement des métaphores et à la traduction des significations, souvent si prédominantes dans l’art chinois. Donc j’ai commencé à produire des choses en Chine, mais pas pour des raisons des couts de productions – à cause de la récession économique je peux réaliser des pièces à des couts plus bas à Brooklyn qu’à Shanghai – mais pour adresser justement ce sujet de l’art chinois et ce qu’il l’a rendu célèbre. Par exemple, au lieu d’avoir le portrait de mon enfant Edgar en acier, j’ai seulement commandé un petit doigt, un nez, un oreille et des pièces de son poo-poo, chaque fois en les appelant “I wanna be Chinese, xiao Edgar, little Edgar” : il s’agit des sculptures d’acier avec un encadrement conceptuel. Egalement, pour mes tableaux “I wanna be Chinese” j’ai travaillé avec le mec moins cher de Shangai et je n’ai pas eu par exemple l’« effet Richter » promis, que j’aurai eu si j’avais par exemple payé 5 fois plus.
Pour répondre finalement à ta question, la seule responsabilité qu’un artiste a, est celle de faire du bon art – n’importe ce que cela signifie. Cela n’a rien à voir avec l’endroit où il/elle habite et est indépendant de la situation contingente. Bien sur, le contexte est très important et les artistes sensibles savent comment adresser toutes ces questions, qu’ils soient considérés des artistes politiques ou pas. La réponse à la question si les artistes sont capables de changer le monde dépend de ce que nous entendons par « changer ». Ici aux Etats-Unis nous apprenons que le changement que Obama nous a promis –j’ai voté pour lui – ne va pas vraiment se matérialiser, mais les choses sont en transition et nous espérons que cela arrive dans la direction indiquée par Obama. Si un artiste change soi même ou au moins vit de la façon dont il souhaite vivre et ainsi sert d’exemple pour d’autres gents, cela me suffit. Il y a eu des artistes, des écrivains et des personnes particulièrement importants dans ma vie qui se sont même suicidés – pour un sentiment de désespoir et pour leur incapacité de définir le succès avec succès - qui m’ont beaucoup inspiré. Souvent leur œuvre et leur biographie ont étés accomplis plusieurs décennies avant que je ne sois né et toutefois ils m’ont énormément influencé. Mais ont-ils arrêté le fascisme, la pauvreté, l’injustice, le racisme, la corruption, l’aliénation, ou d’autres folies de leur temps ou de leur postérité ? Evidemment non, mais ils faisaient partie d’une pensé alternative qui a nourri des attitudes critiques et des façons non-conformistes d’exister, en contribuant éventuellement à démarrer des démarches de changement. Malheureusement, le changement peut aussi prendre une direction opposée avec la même parabole croissante. En ce moment nous sommes témoins d’odieuses campagnes de certains individus d’ultra droite comme ce pasteur qui veut bruler le Coran pour faire de la politique, en détruisant des années de travail d’amélioration des relations avec les communautés musulmanes ici aux Etats-Unis et dans le reste du monde. Du bon art –et nous devons nous abstenir de la tentation de définir ce que c’est – généralement injecte une énergie positive dans la vie et peut vraiment nous aider à exceller ou au moins à survivre sans être subjugués par des émissions de télé répétitifs, des jeux électroniques et d’autres formes de produits culturels inadéquats.
Alessandra Sandrolini: depuis que nous avons commencé cet entretien tu m’a envoyé de articles très intéressants du New York Times sur la Chine, y compris un sur l’immigrations des chinois en Italie, un sur les militaires, un sur l’éducation et l’école, et un sur les infrastructures. Qu’est ce qui t’intéresse dans ces articles et pourquoi tu ne m’en envois pas un sur la censure et la répression a l’intérieur du pays?
Rainer Ganahl: L’article sur Prato et l’ouverte discrimination contre les business chinois est assez surprenante vu qu’il paraît une illustration tragi-comique de ma vidéo « I hate Karl Marx ». J’aime vraiment beaucoup l’ironie du fait que le chinois sont en train de battre les italiens, et pas seulement du point de vue de l’astuce dans les affaires  - les Italiens ont eux même pour longtemps utilisé de façon massive l’étiquette «  Made in Italy » - mais aussi pour comment ils se lancent dans des activités totalement ou a moitié illégales. Ca va sans dire que l’exploitation aux marges a été centrale dans le business italien pour longtemps – je pourrai parler de ca d’après mon expérience personnelle puisque j’ai travaillé avec des travailleurs immigrés pour mon travail sur la langue arabe – et je peux ainsi faire l’expérience de la « Schadenfreude » (la joie maligne, le fait de rire au détriment d'autrui) vu qu’ils laissent maintenant les italiens dans la merde. Mais malheureusement les sentiments racistes persistent et ils sont la vrai raison pour laquelle j’ai fait ma vidéo sur Karl Marx. L’article sur les militaires est aussi très intéressant car il parle de la fin de l’hégémonie militaire des Us : les chinois vont bientôt  délivrer des missiles qui vont rendre les avions américains vulnérables dès une distance de 1500 miles – cela signifie la fin de jeux pour les américains. Cette défaite immanente  est associée avec l’influence stratégique de la Chine qui augmente rapidement et qui est déjà en rivalité avec les intérêts géopolitiques européens et américains. Les dépenses militaires américaines ne sont pratiquement pas soutenables et toujours plus neutralisés alors que la modernisation chinoise n’a aucune limite. Attachez donc la ceinture de sécurité ! L’article sur l’école est aussi un shock pour la compréhension que les américains ont d’eux-même vu que maintenant ils ont pratiquement perdu leur avantage pluriannuel au niveau des productions universitaires. Il m’est arrivé de visiter des nouvelles universités en Chine et je peux seulement confirmer que ni les Etats-Unis ni l’Europe peuvent compéter avec ces cités universitaires. Mais la meilleure partie de l’article est celle sur la motivation : alors que les chinois sont incroyablement motivés, les américains sont en train de perdre leur endurance et leur motivation intérieure. Les infrastructures chinoises sont en train de dépasser les américaines et vont rejoindre les européennes, et la Chine est aussi en train de développer des voies plus soutenables pour traiter la question des transports et pour une utilisation idéale de l’énergie. Ils ont inventé une industrie des voitures imbattable associée avec le plus grand réseaux de trains à haute vélocité du monde.
Même si j’ai fait moi même l’expérience très décevante de la censure et de la répression étatique en Chine – je pourrai parler de cela et me joindre aux lamentations et rage générale – j’ai essayé de ne pas me cacher derrière ces problèmes et d’ignorer les progrès incroyables que ce pays est en train de délivrer. Mais le point n’est pas vraiment de blâmer la Chine ou de produire des sentiments anti-chinois mais d’apprendre d’eux pour ne pas créer des ressentiments, de la xénophobie, du manque d’espoir et de l’ignorance régressive. Ca me fait énormément peur quand je vois comment par exemple la simple mosquée en construction à New York peut enflammer les gents, en les transformant en de bigots racistes et en de fascistes hypocrites. La aussi, il ne faut aucune leçon morale ou étique pour comprendre que c’est juste autodestructif, et largement contre-productif. 
Alessandra Sandrolini: Je t’avoue que je suis surprise par tes argumentations si sérieusement articulées ; inutile de dire combien je partage tes opinions… puisque nous ne sommes pas des politiciens, et qu'il nous plaît surtout de parler d’art, qu’est ce que tu dirais de la relation entre ton approche critique et politique avec tes œuvres souvent aussi folles et ridicules ou par exemple avec le plaisir créatif et même érotique qu’elle déclenchent? Tu disais qu’un artiste est responsable premièrement de soi même, et de choisir comment vivre sa vie… alors on pourrait parler de l'importance du vélo. Par exemple savais-tu qu’à Pyongyang il est interdit de rouler en vélo?
Rainer Ganahl: C’est incroyable, je ne savais pas que les vélos sont interdits à Pyongyang ! Je suis justement en train d’obtenir des permis pour faire un tour en vélo dans cette ville inimaginable… et oui, les vélos font partie de ma vie et je les ai utilisés souvent pour faire de l’art, par exemple dans un film sur Alfred Jarry titré “Ce qui rule / That which rules – Early forms of Rollin’ Rock”, où le vélo se manifeste biographiquement ; ou avec des objets comme ceux fabriqués en porcelaine et bronze – (“Don’t steal my Mercedes Benz bicycle”) ; et enfin avec des peintures et des performances. Il y a même un film porno titré « Use a bicycle ». En effet, le sport du cyclisme, une industrie qui a décollée avec Armstrong (un américain qui a gagné sept fois le Tour de France après avoir survécu a un cancer aux testicules et qui a été accusé de doping) tout récemment nous a montré les limites des capacités humaines, comme dans le cas d’Alfred Jarry « le super mâle». La compagnie pharmaceutique Pfizer appelle aujourd’hui Viagra et doping ce que Jarry appelait en 1903 « Perpertual Motion Food ». Donc voici un exemple de produits, le vélo et la drogue, qui ont été crées principalement pour amuser, mais qui au fond sont bien politiques… C’est pareil lorsque je me laisse transporter par le cours des choses et par mon simple intérêt pour la vie : par exemple lire des bouquins, parler avec les gents, apprendre des langues et rouler en vélo, écouter et parler, cuisiner et manger, enseigner, dormir et même faire l’amour etc. ont trouvé la façon de rentrer dans mes œuvres d’art mais ils restent ce qu’ils sont, des actes pragmatiques, répétitifs, poétiques, même ennuyeux (qui aimerait faire un travail comme celui qui est titré « My second 500 hours Basic Chinese »?). Ils sont faits de réalité et concernent les gents, donc ils sont politiques. Toutes les relations que les individus ont entre eux, avec soi même et avec la nature et le monde des objets, sont profondément nouées à la philosophie, aux institutions et aux pratiques politiques.  Donc pourquoi ne pas chercher du plaisir, vu que de toute façon on va devoir se casser la tête et la gueule avec la politique ?

 

 

 

 

unedited - uncorrected (unfortunately not even re-read interview) in english:

Alessandra Sadnrolini: Cher Rainer, c'était drôle de te rencontrer a nouveau en Corée sur ton mini-vélo chinois! 
La première fois tu étais a Gwangju pour une exposition qui célébrait le trentième anniversaire de la démocratie en Corée du Sud, et tu organisait un séminaire sur les théories de Chantal Mouffe, maintenant tu montres a City media Seul, biennale d'art media, une vidéo ou une jeune fille ALLEMANDE crie des insultes en chinois contre une statue de Marx. C'est l'année 2045 et Berlin est apparemment devenue chinoise: plus de BMW ni de Volswagen, fini le Wurstels et la bouffe allemande, que des spring rolls partout! 
J'aimerai alors parler avec toi de l'Asie, puisque tu la connais depuis longtemps, que tu parles plusieurs de ses langues, et que le futur semble nous attendre tous en extrême Orient... ca te dit?

 

Rainer Ganahl: Well, I do not know Asia so well or lets say I only know it from articles of the New York Times and other news organization and a view visits there. In 1991 while attending classes by Edward Said and Gayatri Spivak at Columbia University which mostly focused on the subjects of orientalism and eurocentrism, I decided to study an oriental language, namely Japanese as part of my artistic practice. This brought me several times to Japan, once for the duration of 6 months for advanced studies and a museum show in Tokyo in 1993 at Person’s Weekend Museum. A couple of years later while for a show again in Hiroshima province I started to study Korean in an area that even today still has discriminatory practices against Japanese Koreans. There was just this August a larger article in the Times with the title New Dissent in Japan Is Loudly Anti-Foreign by Martin Fackler, of a right wing neo-fashist group that disturbes schools of Japeanese Koreans. (http://www.nytimes.com/2010/08/29/world/asia/29japan.html?_r=1&src=me&ref=general New Dissent in Japan Is Loudly Anti-Foreign By MARTIN FACKLER Published: August 28, 2010 ) In 1997 Harals Szeemann invited me to the Kwangju bienniel in Gwangju where I was able to upgrade my 3 year long studies in the US with a Korean learning piece entitled 4 Weeks, 5 Days a Week, 6 Hours a Day – Basic Korean. Again 2 years later, I started with Basic Chinese, a passion I still am committed to on a regular basis and with much improved study aids like free internet downloads and tiny ipods. I didn’t got to Asia for nearly 10 years and only returned for the Shanghai biennial and this year twice to some Korean shows. I was mostly surprised by the change of young Koreans I haven’t seen for 13 years. In 1997 they were mostly very skinny and I barely met people resembling American or American Korean kids. Now, the American diet is showing its effect and being skinny is more or less the exception.

Taking about Asia should be talking about the perception of Asia in the West. The most remarkable thing is that Western  media coverage is much more accurate and advanced than popular imaginary. I still encounter lots of negative prejudices and distorted ideas about China, Japan and Korea. People imagine them as undeveloped, unsophisticated, unimaginative people who – if productive – only can copy what the West produces. All we seem to understand is that there live many, many people who are repressed by their authoritarian regimes and are posting a potential risk. These stereotypes I see a bit resurface when it comes to my I hate Karl Marx video where I – the person of this German Chinese language student – address Marx as reincarnation of a Chinese cap-com, a capitalist communist. Now, the media for their part are seeing a much more accurate pictures particular in the business section of the papers. We see that Asians – now carefully separated by country – are doing very, very well economically and seem to do too well for our Eurocentric/America-centric taste. When we read that they purchase entire companies and dominate industrial fields we feel threatened somehow. This last video is definitely pushing this button and pretense that Berlin is now Chinese.  Interesting enough, I filmed it on the Karl Marx Allee, built as Stalin Allee, a representative center of the DDR with lots of foreigners and foreign restaurants from the Soviet block located there. Hence, it was a place were Russian was spoken regularly the same way English is now spoken regularly throughout Berlin with a big influx of non-German speaking people. It is part of the irony that somehow things announced in this video pretending to be 2045, i.e. 100 years after the onset of American influence in Europe and its presence in Germany, are entirely true: Most people’s clothes are made in China and there are barely any products without any China made components in it. Chinese food is also omnipresent and is particularly often eaten in economically depressed zones, hence it is no wonder that behind the Karl Marx statues we see a Chinese restaurant since the Eastern part of Berlin still suffers from nearly 5 decades of Soviet style communism. With food, products and anything else DDR residents did have hide and (mostly) seek problems the video also expresses. As pointed out above I end up speaking English most of the time while in Berlin more so than in other places in Europe outside the UK.

Alessandra Sadnrolini: : Je suis d'accord avec toi sur la question des lieux communs sur les pays et les cultures dus à l'ignorance. Avec ton travail tu vises
souvent à déceler l'hystérie collective envers ce qui, étant
différent, nous fait énormément peur. Il y a quelques années par
exemple, lorsqu'un politicien belge, scandalisé par l'élection de
Haider, avait invité les gens à ne pas aller skier en Autriche, tu as
commencé une série des dessins, la série "Don't" : "Don't ski in
Austria", Don't eat French fries", "Don't eat Belgian chocolate",
"Don't travel to Italy" etc. qui moquait ce genre de discriminations
et de réactions émotionnelles. La comprehension de l'autre passe
d'abord par la langue, c'est à dire par la parole et aussi pourquoi
pas par la nourriture...
Bref, pour revenir à nous, nous commençons à comprendre maintenant que
la Chine ne devrait pas nous terroriser autant. Quant à l'art, le
phénomène économique que, il y a seulement quelques années, a gonflé
soudainement les prix des oeuvres chinoises, a probablement contribué
à diffuser une image superficielle des artistes et en général de l'art
produite en Asie... comme s'il ne restait qu'un valeur commercial a un
art totalement dépourvu d'idées, d'originalité et de contenu.
Peut-être un artiste comme Ai Weiwei plaît car son travail aide à
dépasser ce lieu commun. Alors que ses oeuvres rejoignent des
cotations incroyables, il est très concerné les batailles politiques
pour le respect des droits humains en Chine et s'engage par exemple
pour aider les familles des victimes du tremblement de Sichuan de
2008. Avec ton travail tu as touché aux conflit historiques entre
cultures différentes, comme lorsque tu a décidé d'apprendre le coréen
au Japon, et tu a montré comment l'occident peut commencer à se
familiariser avec l'Asie... C'est peut-être ce que tu fais avec ton
fils de 6 mois lors que tu lui lis les écrits de Mao Tse Tung pour
l'entretenir un peu... Quelle est donc à ton avis à propos de la
responsabilité que portent les artistes et peuvent-ils espérer de
changer un peu les choses?

Rainer Ganahl: Well, I’m not a politician and even though I love to see intelligent art that speaks about the world as it is I don’t wanna see art works as an illustration of politics or as ideological means to whatever positive end. I personally don’ t like to look at Ai Weiwei’s political actionism and blogging as art but appreciate it as what it is: political activism in a politically unsophisticated and often times even very repressive country that has not yet learned how to deal with a democratic public sphere where everybody can participate and say what he/she/they want. But I really like Ai Weiwei’s photographs where he destroys some old vases which for me talks about art, society and much more. I have met quite some conceptually really interesting artists from mainland China but of course also people who embody the worst of all possible art worlds. In fact, I have even started a series I call “I wanna be Chinese”  (www.ganahl.info/Iwannabechinese.html) which addresses over kill productions concerning size, materials, the treatment of metaphors and the translation of meaning often so predominant with Chinese art. So I started to have things produced in China but not for the sake of cheaper production costs – in fact given the depressed US economy I can have things done cheaper in Brooklyn than in Shanghai – but for addressing exactly these topics of Chinese art for which it has become know for. For example, instead of having my baby son Edgar entirely cast in stainless steel I only ordered a small finger, a nose, an ear and some pieces of his poo-poo, each time calling them I wanna be Chinese, Xiao Edgar / Little Edgar: stainless steel sculptures with a conceptual framing sheet. For my I wanna be Chinese paintings I worked with the cheapest guy on the block in Shanghai and did not order a “Richter effect” costing five times as much.

In order to finally answer your question the only responsibility an artist has is to make good art – whatever that means. This is independent of where he or she lives and independent the situation the artist encounters. Of course, context matters a lot and sensitive artists know how to address all these issues be they now called political artist or looked at as non-political artists. The answer to the question of whether artists are able to change the world depends on what we call change. Here in the USA we learn that the change Obama promised us – I voted for him -  is not really materializing, yet things are in transition and hopefully still could change more in Obama’s direction. If an artist changes himself or at least lives the way he wants to live and therefore serves as an example for other people I’m happy. There have been artists, writers and special individuals influential in my life who even committed suicide – out of a feeling of desperation and their inability to define success more successfully – who inspired me greatly. Sometimes their works or biographies were shaped decades before I was born and yet they have been still influencing me a big deal. But did they stop fascism, poverty, injustice, racism, corruption, alienations, madness or other insanities of their time or later? Of course not but they were part of an offering for alternative thinking and practices that nurtured critical attitudes and non-conformist ways of existing and hence contributed to movements of change eventually rolling in. Unfortunately, change can also happen to the opposite in the same incremental way. Currently we have to witness heinous, disgusting, and hate spreading campaigns by certain ultra right wing individuals like this crazy pastor who wants to set fire on a Koran and makes world politics with it undoing years of improved relations with the Muslim communities here in the USA and around the world. Good art – and we have to refrain from any definition of what that could be – generally injects positive energy into live and can really help us to excel or at least stay alive without having to succumb to repetitive TV shows, electronic games and others forms of canned cultural products. S

Alessandra Sadnrolini: Since we started this interview you have sent me very interesting New York Times articles on China including one on Italian’s Chinese immigration, one on the military, one on schooling and one on infrastructure. What interests you in these articles and why don’t you send me one on censorship and internal repression?

Rainer Ganahl: The article on Prato and the open discrimination against Chinese businesses is quite amazing since it seems to be a tragic comic illustration of my I hate Karl Marx work. I really like the irony of how the Chinese are beating the Italians not only in terms of business shrewdness – Italians were massing themselves with the label “Made in Italy” for a long time – but also how they outperform them in semi-legal and totally illegal activities. Needless to say, the exploitation at the margin had been central to Italian business practices for a long time – I could speak about this first hand when I worked together with Arab migrant workers for my Arab dialog works – and I can only experience Schadenfreude at the fact that they leave Italians in the dust. But unfortunately, the racist sentiments remaining are terrible and were the very reason why made my I hate Karl Marx piece.  The article on the military is also stunning since it speaks about the coming end of US military hegemony: the Chinese are short of delivering missiles that render US aircraft carriers vulnerable within a range of 1500 miles – hence the end of the US game. This immanent defeat is coupled with a rapidely growing strategic influence by China that is already directly rivaling European American geopolitical interests. US military spending is basically unsustainable and more and more neutralized while Chinese modernization of its military doesn’t see any limitis. Just fasten your seat belts. The article on schooling is also schock for US self-understanding since they basically lost their decade long advances and are now outspent and outperformed on the level of university productions. I actually happened to visit about new universities in China and can only confirm that neither the USA nor Europe can compete with these university cities. But the best part of this articles is the motivational one: while Chinese are incredibly motivated and high achievers Americans are losing stamina and the intrinsic motivations. Chinese infrastructure improvements are not only outperforming the one by the USA and catching up with Europe but also taking completely new sustainable avenues of dialing with transportation and the ideal use of energy, i.e. inventing from scratch a world wide unbeatable electro car industry combined with the biggest high speed train network in the world.

Though I have had very disappointing and annoying experiences with censorship and state repression in China – I could talk about it and join in the lamento and rage against it all - I try to not to hide behind these problems ignoring the amazing progress this busy nation is delivering. But the point is not so much to bad mouth China or to produce anti-Chinese sentiment but to learn from them in order to not create a slacker feeling of resentment, xenophobia, hopelessness and regressive ignorance. It makes me terribly scared when I see how for example a simple mosque construction near Ground Zero in NYC can inflame anti-Islamic sentiment and turn people quickly into bigot racists and hypocritical fascists. Here too, it takes no morality or ethic lessons to understand that it is self-defeating, auto-destructive and utterly contra-productive.

Alessandra Sadnrolini: Je t’avoue que je suis assez surprise par tes argumentations extrêmement sérieuses et articulées. Inutile de dire combien je
partage tes opinions. Mais puisque nous ne sommes pas des politiciens,
et qu'il nous plaît surtout de parler d’art, comment ca se fait alors
que tu soit l'auteur d'oeuvres aussi folles ? Quel est la relation
entre ton approche critique et politique aux oeuvres et le plaisir
créatif et même érotique qu’elle déclenchent? Et encore, si un artiste
est responsable premièrement de soi même, et de choisir comment vivre
sa vie, est-ce que son art devient finalement un style de vie? Qu’est
ce que tu me dit a propos de l'importance du vélo? Savais-tu qu’a
Pyongyang il est interdit de rouler en vélo?

Rainer Ganahl: That is incredible, I didn’t know that bicycles are forbidden in Pyongyang. In fact, I am trying to get permission to make a bike ride video in Pyongyang. I’d love to bicycle in that unimaginable city. Yes, bicycles are part of my life and I have been using them for about a decade to make art. They enter in many ways: with Alfred Jarry the bicycle manifests itself biographically with a film entitled “Ce qui rule / That which rules – Early forms of Rollin’ Rock;” with objects including those made of porcelain and bronze - “Don’t steal my Mercedes Benz bicycle” -, with paintings - bike bomb internet news clips painted on canvas - and with performances. There is next to a Lenin animation even a little porn film entitled Use a bicycle. In recent years cycling sport – a reinvigorated industry that took off in the foot heels of Armstrong – showed us again, like already Alfred Jarry “Supermale” the limits of human capabilities. What Jarry called in 1903 Perpetual Motion Food, Pfizer calls Viagra and doping. So here we have an example of products like the bicycle and drugs made primarily for fun and yet they are political. Going with the flux of things and my simple interest in life  - for example: reading books, talking with people, learning languages and riding, listening, asking and speaking, cooking and eating, teaching, sleeping and dreaming or even making love etc. – have found their way into my art work but they are what they are: pragmatic, repetitive, poetic, annoying (who likes to study and do a work entitled My second 500 hours Basic Chinese ?) …  hence they are made of reality and deal with people, i. e. they are political. Any relationship people have with each other, with themselves and with nature and the world of objects is embedded in political philosophies, institutions and practices. So why not go for pleasure since we hit the rocks of limitations and politics anyhow?